Histoire d’ eau

Avant de parler de l’eau dans notre région, de la sécheresse parlons de son origine :

Origine de l’eau sur terre

Les scientifiques dé battent sur deux hypothèses d’une part le dégazage de l’intérieur de la terre au moment de sa formation il y a 4,55 milliards d’années, d’autre part l’apport de petits corps planétaires, comètes et météorites riches en eau (pour information 70,9%de la surface de la terre sont recouverts d’eau).
La seconde hypothèse, émise en 2020, se fonde sur l’eau des météorites rares ayant une composition chimique proche de celle de la terre. Si l’eau provient effectivement des comètes qui se sont écrasées sur terre à l’origine de la création de celle-ci, elle serait stockée dans la planète et relâchée par dégazage. En conséquence, l’intérieur de notre globe pourrait bien regorger d’eau, encore faut-il aller la chercher . . .


Les trois sources de notre vie


1.L’eau des montagnes que nous captons pour nos besoins, sans véritablement la stocker en grande quantité pour l’avenir et de facto nous la laissons couler sous les ponts vers la mer sans vraiment s’en préoccuper !
2.Une équipe de Vox Nostra s’est rendu à Puy Saint Vincent dans les Hautes Alpes, à la
rencontre des canaux d’irrigation. Il s’agit d’un sentier qui dessert plusieurs zones composées de canaux qui ont été créés par les habitants de cette commune il y a quelques années.
Ce sentier livre les secrets des canaux d’irrigation, témoignages de l’ingéniosité des
montagnards face à la rudesse du milieu.
Le climat est un mélange d’influences méditerranéenne et alpine. Moins de 800 mm de précipitations par an. Il s’agit d’un climat relativement sec.
Ces canaux sont avant tout un moyen d’acheminer l’eau, sans pompe par simple gravité. Les habitants ne disposaient pas à l’époque de carte topographique ni d’instruments de géomètre.
Ils sont arrivés malgré tout à donner une pente régulière au canal et l’imperméabiliser, malgré des terrains instables.
Une technique simple et la plus utilisée est celle qui consiste à creuser le canal dans le sol meuble et à exploiter le matériel extrait pour en faire un remblai.
Ces canaux permettent la régulation des cours d’eau et limitent l’ampleur des crus. En
recueillant les eaux de ruissellement, ils diffèrent les apports d’eau dans la rivière en les stockant temporairement.


Ils permettent de recharger les nappes phréatiques, ils contribuent au maintien de zones humides.
Pour profiter de cette eau indispensable à leurs besoins les habitants de Puy saint Vincent ont creusé à flanc de versant ces canaux d’irrigation, acheminant la précieuse eau vers les cultures du village.
L’eau qui alimente les habitants de Marseille Provence Métropole provient en grande partie de la Durance. Elle prend sa source dans les hautes Alpes à 2300 m au pieds du mont Chenaillet près du col de Montgenèvre.
Les canaux que nous citons se jettent dans la Gyronde, rivière torrentielle formé e par la réunion du Gyr et de l’ Onde sur la commune de Vallouise, et glissent dans la Durance au niveau de l’ Argentière la Besse.


3.Les océans et la transformation de ces grandes ressources par la désalinisation qui est une des voies d’avenir. Un article a été publié par notre laboratoire d’idées sur ce sujet le 25 mars 2023 (Désalinisation plutôt que restriction).
Le climat évolue, l’humanité est inquiète face à un environnement qui change.
Il serait judicieux de réfléchir à toutes les possibilités pour préserver les ressources en eau et en faire fructifier d’autres comme l’exploration du sous-sol.


Les réserves d’eau


Commençons par les réserves naturelles d’eau potable de notre planète (les nappes
phréatiques).
Pour notre région le principal réseau long de 500 kilomètres est la Durance, c’est une artère où le sang passe comme pour nous apporter la vie en naissant dans les Alpes et se jette dans le Rhône. Cette eau, ce sang se déverse dans la mer, sans que personne ne songe à la récupérer.
Des millions de M3 sont perdus au moment où nos politiques nous imposent des
restrictions telles l’interdiction de remplir les piscines, d’arroser les jardins, de laver les voitures et autres joyeusetés.
Au XVIème siècle, à côté du delta du Rhône où se trouvait une Crau sèche avec des troupeaux, nos ancêtres avaient développé la Crau « verte » grâce à un ingénieux système de canaux conçus par Adam de Craponne, (2) ingénieur de son état.
Gaétan Guichard (3) explique que près du Pas de la Manon, lieu stratégique où arrive toujours un grand canal principal plus de 400 ans plus tard, l’eau se divise en une succession de canaux du sud du massif montagneux des Alpilles, jusqu’à Arles au sud-ouest et Salon de Provence au sud-est, comparable à un réseau sanguin d’une longueur de plus de 500 kilomètres.
Des ouvrages hydrauliques appelés des partiteurs permettent de régler les débits afin de partager la ressource entre villes et agriculture. La vertu de ce système est qu’il fonctionne uniquement par la force de la gravité, grâce à la pente, l’eau irrigue le territoire sans consommer d’énergie.
Cette Crau « verte » permet la culture du foin pour nos vaches, il s’agit d’une culture qui n’utilise pas de pesticide ni de nitrate, l’eau restituée est de bonne qualité.
Malheureusement l’urbanisation grignote les terres naturelles et agricoles, le réchauffement pèse. Par suite de la sécheresse de 2022, les pertes de production en foin ont été de l’ordre de 30 %. Il est probable que les moutons et les bovins laisseront la place aux éoliennes. L’eau disparaîtra de la Crau « verte ».
Merci et bravo à nos anciens, il semblerait que de nos jours les points de vue soient
différents.


L’eau de la Durance arrive à Aubagne en 1870


Dans notre département nous sommes alimentés par la Durance et le Verdon.
Du fait des problèmes économiques et sociaux liés au krach boursier de 1847, la révolution de 1848, l’avènement de la seconde république puis le second empire, il faudra attendre 1864 pour que l’ Etat autorise la prolongation du canal de Marseille jusqu’ à Aubagne, 1 m³ par seconde.
Les habitants s’équipent de caisses à eau, la commune remplie les bassins du Pin vert aux Solans et Napollon, du parc Jean Moulin à Fenestrelle, du bassin de la gare au chemin de la louve et la route d’Eoures pour les locomotives à vapeur. En revanche, aucun grand stockage n’est prévu pour récupérer l’eau qui se déverse dans l’Huveaune, puis se jette une fois de plus dans la mer !
Les hommes politiques proposaient déjà des restrictions mais pas de solutions.
Pour l’arrivée de l’eau à Aubagne, le chantier démarre donc en 1849 et se termine en 1870… soit 21 ans pour relier Marseille à Aubagne. Et pourtant la population a une demande croissante d’eau pour l’agriculture, les loisirs, la vie au quotidien tout simplement.
Ce n’est qu’en 2000 qu’une réglementation Européenne sur la gestion de l’eau voit le jour et en 2003 la France crée la politique publique de l’eau dans le développement durable en visant la gestion des ressources en eau pour permettre le développement économique, l’accès pour tous à une eau de qualité et la préservation des ressources en eau.
Nous sommes en 2023, aucun grand projet pour la préservation de l’eau n’est envisagé par nos politiques, si ce n’est que de réitérer un panel de restrictions comme nous l’avons évoqué précédemment. Plusieurs grands pays, l’Arabie saoudite, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Espagne et le Koweït , l’Australie ont construit des usines de désalinisation.


Il est clair que l’avenir de l’eau passera par obligatoirement par cette technologie.
Rappelons que notre planète est constituée de 70 % d’eau et que nous utilisons 80 % de
l’eau dite de « surface ». Tous les jours des millions de m³ d’eau finissent leur course dans les mers.
Toutefois, la désalinisation ne sera peut-être qu’une étape provisoire de transition entre la période chaude actuelle et la période glaciaire qui ne manquera pas de revenir à plus ou moins brève échéance si nous nous référons aux changements climatiques majeurs ayant marqué notre planète depuis sa naissance. (4)
Les pays cités ci-dessus et qui se sont tournés vers les usines de désalinisation n’ignorent pas les inconvénients liés au rejet de saumure, au c o û t important de l’énergie ainsi qu’aux émissions de CO2. Afin de limiter voire supprimer ces émissions de ce CO2 les ingénieurs ont installé des panneaux solaires à proximité de ces usines pour en tirer l’énergie nécessaire.
Il existe aussi une autre méthode pour pallier le manque d’eau, il s’agit du recyclage des eaux usées. A titre d’exemple, la Namibie a mis en oeuvre ce procédé depuis 1968. D’autres pays ont aussi recours au recyclage des eaux usées comme les pays anglophones, l’ Afrique du Sud, Singapour et I s r a ël .
Revenons sur le début de nos propos concernant l’origine de l’eau, comment elle remonte du fond de la terre en permanence ? Hydrologique ou primaire ?
Le scientifique Stephan RIESS (5) nous parle de l’eau primaire.
« Il s’agit d’une ressource renouvelable peu connue qui provient des profondeurs de la terre.
Lorsque les conditions sont réunies l’oxygène se combine avec l’hydrogène pour former l’eau nouvelle. Cette eau est constamment poussée vers la surface sous une forte pression. L’eau trouve son chemin vers la surface par des fissures ou des failles. En fonction de la géologie du terrain, l’eau primaire peut être accessible près de la surface ou s ’ é c o u l e r sous forme de source. L’eau primaire n’a jamais participé au cycle hydrologique avant d’arriver finalement à
la surface. L’eau du cycle hydrologique traditionnel est limitée et les volumes fluctuent en fonction de la quantité disponible issue de la pluie et de la fonte des neiges. L’eau primaire est renouvelable et abondante quelles que soient les conditions météorologiques ».


Pourquoi une réflexion sur l’eau ?


L’eau est la ressource la plus essentielle, elle fait partie du patrimoine commun de la Nation.
L’approvisionnement en eau potable est l’un des enjeux majeurs des prochaines décennies.
La FRANCE un pays riche, elle compte 600 000 plans d’eau, 253 320 cours d’eau, 900 000 Kms de réseaux de distribution d’eau.
On en parle tous les jours en culpabilisant le consommateur. D’ailleurs l’axe n°1 des « 53 mesures pour l’eau » du gouvernement (mars 2023) est « Organiser la sobriété des usages pour tous les acteurs ». Même si on peut être d’accord sur le principe, il ne faut pas négliger les autres voies afin d’éviter les dérives autoritaires.
Les causes du manque d’eau
-Un réchauffement climatique qui se profile.
-Épisodes de canicule.
-Fonte des glaciers
-Pluviométrie erratique
-Une urbanisation à outrance ainsi qu’une démographie croissante font peser une pression inédite.
-Manque d’anticipation :
Mauvais Entretien du réseau (6) donc fuites importantes à la suite de cette négligence
(En 2017 sur les 5 milliards de m³, 1 milliard s’est perdu dans la nature), 1 litre d’eau
potable sur 5 se perd. Il faudrait plus de 150 ANS pour remettre le réseau en état.
Fermeture de 25 % de captages d’eau (pollution par pesticides et nitrates) en 40 ans –
Captages non remis en fonction.
Industrialisation agricole laquelle représente 58 % de la consommation. (Ex : Culture
du maïs dans le sud de la France est grande consommatrice d’eau). Pour mémoire
l’industrie consomme 4%, le nucléaire 12%, les particuliers 26% dont une part
gaspillée.


PROPOSITIONS

  • En moyenne 512 milliards de m³ d’eau pluviale en France dont 60 % s’évaporent
    et 40 % (204 milliards de m3) alimentent les cours d’eau et les nappes phréatiques.
    -Consommation d’eau, 32 milliards de m³ en 2018.

Solutions

  1. Désimperméabilisation des sols afin de permettre aux pluies de mieux alimenter les nappes phréatiques. C’est ce que l’on appelle « la pluie efficace ».
    Quelques exemples : enlever le bitume et végétaliser ce qui peut l’être (ex : les cours d’écoles), mettre du bitume perméable sur les autoroutes et autres réseaux routiers.
  2. Recyclage des eaux usées
  3. Urbanisation adaptée
    Construction d’immeubles et maisons individuelles avec un système technique en sous-sol pour le recyclage des eaux usées,
    Installation d’un kit hydro économe,
    Sensibilisation et éducation dès le plus jeune âge au bon usage de l’eau,
    Installation de gouttières et récupérateurs d’eau de pluie.
  4. Agriculture adaptée
    Selon les régions changement de cultures. Ainsi, en Provence remplacer la culture du maïs par celle du tournesol moins gourmand en eau.
  5. Remise en état
    Remise en état des canaux dans les Alpes (alimentés par les glaciers -neige),
    aujourd’hui laissés à l’abandon et qui alimentaient à l’époque l’irrigation des
    sols. Cela ne nécessite pas d’investissements lourds mais seulement un entretien
    (nettoyage au printemps lors de la fonte des neiges) et récupération des eaux
    pluviales (automne).
  1. Quels grands projets ?
    A une certaine époque certains ouvrages ont été construits (Canal de Provence
    livré en 1967, Lac de Serre Ponçon en 1959, Lac de Sainte Croix en 1973
    Aujourd’hui quels sont les nouveaux projets ?
    Pourquoi pas une centralisation administrative de la gestion de l’eau et un tarif
    unique national ?
  2. Avant de pénaliser le citoyen, trouvons des solutions à moindre coût.

1-proposée pour la première fois en 1734 par Emanuel Swedenborg et en 1755 par Emmanuel Kant
2-Adam de Craponne (parfois orthographié Crapponne) (né en 1526 à Salon-de-Provence et mort empoisonné le 20
décembre 1576 à Nantes) est un gentilhomme provençal et ingénieur français de la Renaissance.
3-Directeur du canal de craponne
4- http://la.climatologie.free.fr › secheresse › secheres
5-Stephan Ernst Riess (26 décembre 1898 – 17 décembre 1985) était un géochimiste , minéralogiste , géohydrologue
et sourcier allemand [1] qui a immigré aux États-Unis après la Première Guerre mondiale.
6-dossier de presse 30 mars 23, Magazine sciences et avenir juillet et août 2023