La grève se définit comme étant la cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer des revendications professionnelles. (Et rien d’autre. : La grève n’est donc pas légitime lorsqu’il s’agit de revendications sociales ou idéologiques.)
Le droit de grève, est inscrit dans la constitution ; il ne se discute pas. Sauf que ce droit ne donne pas tous les droits :
–il ne peut pas empêcher le travail. En effet le droit au travail est lui aussi inscrit dans la constitution avant le texte sur le droit de grève. Outre le fait que par définition il ne peut y avoir grève que si au préalable il y a travail ; du fait de sa place dans la constitution, le droit au travail prime sur le droit de grève. En d’autres termes si la grève est de nature à empêcher le travail nous sommes devant un abus de droit. (le droit au Travail est aussi inscrit déclaration des droits de l’homme, dans le préambule de la constitution de 1946 et bien sûr dans la constitution de 1958)
(Question : le statut d’étudiant peut-il être assimilé à un travail ? Lorsque des étudiants refusent d’aller en cours et sortent se promener pour manifester peut-on parler de « grève » ? Ne serait-ce pas plutôt un prétexte à procrastiner ?)

Chacun a le droit de faire grève mais en aucun cas il ne peut empêcher le travail du non-gréviste. Les « piquets de grève » doivent donc être considérés comme illégaux lorsqu’ils empêchent l’accès aux non-grévistes. Si l’État accepte que quelques individus empêchent leurs collègues de travailler, c’est un signe de faiblesse de la part de l’État.
Par ailleurs si l’on peut comprendre et accepter que quelques salariés grévistes d’une entreprise puissent néanmoins être présents devant le siège de l’entreprise, il ne devrait pas être toléré que d’autres personnes non-membres de l’entreprise viennent renforcer le groupe de salariés grévistes. Et en aucun cas d’empêcher les non-grévistes accéder à leur travail. (Cela implique un contrôle d’identité des personnes présentes dans le piquet de grève)
–le droit de grève n’autorise pas les dégradations quelles qu’elles soient. Et à plus forte raison les sabotages (coupure d’électricité…) ce sont des fautes lourdes sanctionnables par le licenciement
–le droit de grève ne doit pas entraîner le blocage de tout un pays, de toute une région. Ainsi, par exemple, les transporteurs routiers peuvent, s’ils le souhaitent, faire grève mais ils ne sont pas légitimes lorsqu’ils bloquent les routes empêchant ainsi certains d’aller travailler. De même, les « barrages filtrants » potentiellement accidentogènes ne devraient pas être tolérés.
Enfin, les transports publics doivent impérativement assurer un service minimum suffisant pour permettre aux travailleurs qu’ils soient salariés ou indépendants d’aller sur leur lieu de travail.
-L’employeur (le chef d’entreprise ou l’État) est assez démuni et ne peut sanctionner que s’il y a faute lourde commise par le salarié gréviste. Plusieurs critères pour ce type de fautes : identification du ou des salariés en cause ; faute intentionnelle ; violence contre les biens ou les personnes ; entrave à la liberté du travail (piquet de grève ?)
–les salariés assurant le « service public » (qu’ils soient fonctionnaires ou salariés d’une entreprise privée) sont, par définition, en charge d’une mission d’intérêt général ; ils peuvent, bien sûr, faire grève mais en aucun cas et ne sont autorisés à interrompre cette mission de service public. (Les statuts des fonctionnaires assurant des missions régaliennes n’autorisent pas à faire grève)
En tout état de cause, ils ne sont pas légitimes lorsqu’ils défendent des privilèges (les fameux « avantages acquis ».). En effet les privilèges sont en contradiction avec les fondements de la République. Cette dernière n’a pas hésité à guillotiner ceux qui bénéficiaient de privilèges…
Enfin, la constitution laisse au législateur la possibilité de définir par la loi les limites de ce droit de grève. Et de soumettre cette dernière à l’avis du conseil constitutionnel.
L’avis du conseil constitutionnel obtenu, l’État devrait être mieux armé pour faire respecter l’ordre. Moins de pusillanimité, moins de complaisance seraient les bienvenus !!
Il y a d’autres moyens de faire la grève sans mettre la pagaille et ce sera d’autant plus efficace qu’il y aura moins d’hostilité de la part de la population.
