Comment ça marche ?
A partir des années 1990 l’Union Européenne a œuvré pour une libéralisation du secteur énergétique (fin des monopoles d’Etat) et le développement de la libre concurrence (effective depuis 2014), avec pour objectif affiché de garantir au meilleur prix l’approvisionnement des pays européens, ce de manière homogène.
Rappelons qu’il existe plusieurs moyens de produire de l’électricité : éolien, solaire, nucléaire, hydraulique, charbon ou gaz.
Le prix de l’électricité est déterminé logiquement en fonction du coût d’approvisionnement pour les fournisseurs, lesquels disposent de deux options :
- L’ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique) : depuis 2010, EDF a l’obligation de vendre aux fournisseurs alternatifs jusqu’à 100 TWh d’électricité nucléaire (soit ¼ de sa production) au prix de 42 € /MWh.
- Les marchés de gros sur lesquels l’électricité se négocie entre les producteurs (propriétaires de centrales électriques) et les fournisseurs (livrent aux consommateurs). Ces transactions se font soit en bilatéral, soit sur les bourses (prix spot (1) avec des intermédiaires.
Sur les marchés de gros cohabitent deux types de transactions :
- Le marché spot sur lequel le prix du kWh évolue heure par heure et sur lequel les traders peuvent acheter la veille pour le lendemain. Ce marché correspond aux coûts de production en temps réel et permet d’optimiser les achats en s’ajustant aux besoins réels des clients à un instant T.
- Le marché à terme permettant aux fournisseurs de sécuriser leurs coûts par l’achat de volumes à moyen et long terme.
Quels prix va-t-on retenir ?
On fait appel à un mécanisme (le merit order) permettant d’établir un ordre de priorité dans la mise en œuvre des unités de production, lesquelles sont appelées, pour chaque demi-heure, dans l’ordre croissant de leur coût marginal lequel prend en compte le coût de l’énergie primaire (gaz, fioul, charbon, uranium), le prix du carbone, les coûts de maintenance et d’entretien, les taxes etc.
Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) les coûts marginaux de l’électricité (en 2019 ) sont de 0 pour les énergies renouvelables (géothermie, éolien, solaire, hydrolien) , aux alentours de 30 pour le nucléaire et supérieurs à 70 pour les énergies fossiles (gaz naturel, charbon, fioul).
Le merit order tient compte également de la demande d’électricité. Ainsi, en période de froid le besoin en électricité va être très élevé, ce qui va impliquer de faire appel à des unités de forte capacité de production telles les centrales thermiques, dont le coût marginal est élevé, ce qui impactera à la hausse le prix de gros En revanche, lorsque la demande diminue la priorité est donnée aux sources d’énergie renouvelable moins coûteuses
En période de forte demande des consommateurs européens, l’ARENH, limité à 100 TWh , étant insuffisante, pour le différentiel les fournisseurs sont contraints de se tourner vers le marché de gros, ce qui va mécaniquement faire augmenter la facture pour le particulier ou le professionnel.
Lorsque coïncident les difficultés d’approvisionnement en gaz russe, la baisse de la production hydroélectrique ainsi qu’une moindre disponibilité du parc nucléaire français (pour la première fois depuis 43 ans la France a importé massivement de l’électricité de centrales charbon allemandes), les prix de l’électricité montent en flèche. Pour mémoire le 26 août 2022 la barre des 1 000 € le MWh a été franchie en France (85 € un an auparavant).
Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour convenir qu’il est urgent de découpler le prix de l’électricité du prix du gaz.
Notamment en France, les coûts de productions des centrales nucléaires étant restés stables, en théorie les consommateurs français pourraient bénéficier d’une électricité à prix modéré. Mais en raison du fonctionnement actuel du marché européen, les producteurs d’énergie nucléaire ou renouvelable s’alignent sur les prix des centrales les plus chères, à gaz ou à charbon.
Afin d’éviter la multiplication des mesures d’urgence, plus ou moins équitables, grevant encore davantage le budget de l’Etat, il est temps d’agir :
- Obtenir comme l’Espagne et le Portugal une dérogation pour s’affranchir momentanément du marché électrique européen
- Agir activement auprès de l’UE pour une réforme rapide du marché européen de l’électricité avec pour élément central le découplage du prix de l’électricité de celui du gaz.
1 Les prix spot sont les prix établis sur le marché de l’électricité par les bourses le jour J pour le lendemain.
Très instructif. On remarque que la gestion de notre parc nucléaire laisse vraiment à désirer et qu’il aurait été, à mon humble avis, plus souhaitable de programmer un « étalement » des arrêts de centrales nucléaires pour leur maintenance. Ce n’est pas quand son véhicule est hors service suite à une grosse panne qu’il faut se dire « si j’avais su, j’aurais fait l’entretien et les révisions préconisées ». Encore des lacunes avec un résultat très onéreux que l’on peut reprocher à nos dirigeants présents et passés….
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Article très intéressant et surtout très instructif sur la mauvaise gestion de notre richesse énergétique qui était un fleuron de notre pays et nous rendait à l époque autonome
Merci l écologie 😒😥
Envoyé de mon iPhone
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