Paupérisation de la classe moyenne 


 

Le 4 août 1789 fut une journée mémorable mais qui s’en souvient aujourd’hui. Elle a été évincée par celle du 14 juillet, jour de la destruction de la forteresse de la Bastille, resté dans la l’histoire comme le symbole du soulèvement populaire. Cette date résonne en défilés militaires et bals populaires. 

Pourtant rappelons que la Révolution française n’est pas une révolution prolétarienne. Elle a été menée par une partie de la bourgeoisie et de la noblesse que l’on qualifierait de progressistes aujourd’hui.

La journée du 4 août n’a pas le même écho. Pourtant ce jour là ont été abolis tous les privilèges, ceux des nobles, mais aussi des Parlements et des corps privilégiés tel le clergé. Le 4 août 1789 a marqué l’effondrement du système féodal et l’avènement d’un ordre juridique et constitutionnel nouveau où le destin des hommes n’est plus déterminé par leur naissance.

Plus de deux siècles après que reste-t-il de tout cela, la société est-elle celle imaginée par Messieurs Sieyes, Mirabeau, Noailles, Delaville, Duval d’Espréménil, Diderot etc …. ?

Certes la société française, avec sa fibre sociale garantissant protections et aides, est certainement plus clémente pour le commun des mortels qu’aux époques pré-révolutionnaires. Toutefois de nouveaux privilégiés dirigent le peuple lequel semble tout aussi mécontent qu’en 1789, particulièrement la classe dite moyenne.

Monsieur Charles Gave (1) analysait en 2012 l’appauvrissement de la classe politique en faisant référence à l’ ineptocratie, terme emprunté par Jean d’ Ormesson (2)  au politicien britannique Paul Flynn (3) :

   « un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle. » 

Selon l’Observatoire des inégalités, la classe moyenne représente la population située entre les 30 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches. 

Selon le même organisme, en 2016 le niveau de vie mensuel des classes moyennes est situé entre 1 265 et 2 275 euros par mois pour une personne seule, entre 2 468 et 4 423 euros pour un couple sans enfant et entre 3 302 et 5 743 euros pour un couple avec deux enfants. 

Que deviennent les citoyens désignés comme faisant partie de la classe moyenne dans notre pays. La plupart d’entre eux considèrent être abandonnés, comme les retraités, par les pouvoirs publics qui se désintéressent de leur niveau de vie. Bien souvent le calcul qui détermine l’aide octroyée par le gouvernement est évidemment bénéfique pour les petits salaires mais défavorise pour quelques euros celui qui est référencé dans la tranche des rémunérations convenables.

Il est normal que les bas salaires soient aidés au quotidien surtout en ce moment avec les augmentations indécentes des produits de première nécessité.

Le propos de cet article n’est pas de militer contre les personnes en difficultés financières en ne leur accordant pas d’aides mais de plaider pour la prise en considération du faible écart de revenu qui les sépare des familles dites de classe moyenne. Comme le démontre l’observatoire des inégalités les barèmes nous invitent à réfléchir sur les conséquences des mesures prisent par les inaptocrates qui gouvernent depuis plusieurs décennies.

La réaction des gens avec qui nous échangeons est unanime. Qu’ils appartiennent à la catégorie des citoyens aisés ou à la classe moyenne, ils pensent que la fracture sociale s’agrandit au détriment des personnes percevant des rémunérations se situant juste au- dessus du seuil qualifié de pauvreté. Ainsi la paupérisation du français moyen se traduit de jour en jour lors des passages en caisse dans les commerces alimentaires, vestimentaires, carburants etc . . . .

Afin de permettre aux inaptocrates qui foisonnent dans les ministères d’être en capacité de prendre les bonnes décisions, nous leur suggérons de revoir leur copie sur le sujet des aides aux plus défavorisés.  Il paraîtrait plus simple et plus logique de proposer les mesures suivantes qui affecteront bien entendu le « quoi qu’il en coûte », le politiquement correct et surtout la politique politicienne :

-Récompenser les employés, ouvriers qui travaillent réellement en les rémunérant correctement, ne pas augmenter les prestations liées au chômage afin de privilégier l’activité professionnelle. 

-Diminuer pour tout le monde les taxes exorbitantes appliquées sur le carburant et pas seulement comme nous l’avons dit sur une catégorie de citoyens.

-Reconsidérer la notion de rémunération en fonction de l’apport réel de chaque salarié et de sa production effective.

-Les utilisateurs des infrastructures des collectivités publiques, c’est à dire tous les habitants du pays doivent être assujettis à l’impôt sur le revenu. 

En ce qui concerne les faibles revenus, même en réglant une somme dérisoire ils participent ainsi à la bonne marche de l’administration. 

A la lecture de cette proposition certains lecteurs peuvent être choqués, par ces propositions. Il est à noter que tout le monde sans discuter s’acquitte régulièrement de la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale) de la CSG (contribution sociale généralisée) et de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) 

Pour conclure, nous voyons des français excédés, déçus par une majorité d’élus mais faisant preuve d’une incompréhensible mansuétude puisqu’ils les reconduisent dans leurs fonctions. Sans doute Étienne de la Boétie (4) disait-il vrai dans son Discours de la servitude volontaire, en affirmant que c’est le peuple qui délaisse la liberté, ce n’est pas le tyran qui la lui prend. Gageons que, comme par le passé, le peuple finira par se réveiller.

(1)Charles Gave, né le 14 septembre 1943 à Alep en Syrie, est un essayiste, financier et entrepreneur français, dirigeant fondateur de Gavekal, société de conseil financier, et président de l’Institut des libertés. 

(2)Jean Lefèvre d’Ormesson, comte d’Ormesson,  est un écrivain, journaliste et philosophe français, né le 16 juin 1925 à Paris et mort le 5 décembre 2017 à Neuilly-sur-Seine.  

(3 )Paul Philip Flynn, né le 9 février 1935 à Cardiff et mort le 17 février 2019, est un homme politique britannique, membre du Parti travailliste. 

(4) Étienne de La Boétie est un écrivain humaniste, un poète et un juriste français né le 1ᵉʳ novembre 1530 à Sarlat, ville du sud-est du Périgord, et mort le 18 août 1563 à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux. La Boétie est célèbre pour son Discours de la servitude volontaire.  

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