Un Conseil National de la Refondation !… mais à quoi sert l’Assemblée Nationale ?      


Emmanuel Macron a annoncé la création d’un Conseil National de la Refondation, faisant référence au Conseil National de la Résistance (CNR) lequel a dirigé et coordonné les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises, à partir du 27 mai 1943. Son programme, adopté en mars 1944, prévoyait des actions immédiates de résistance, mais aussi des mesures à appliquer dès la libération du territoire, une liste de réformes sociales et économiques tels le rétablissement du suffrage universel, des nationalisations, la sécurité sociale. 

Les mesures les plus emblématiques seront la nationalisation de l’énergie (création d’Electricité de France en 1946) et la création du régime général de la sécurité sociale.

Une grande partie de nos acquis sociaux nous les devons au CNR.

La création du CNR, composé de représentants des différents mouvements de résistance, de syndicats et de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy, est une volonté du général de Gaulle. Le CNR lui permettra d’asseoir sa légitimité en tant que chef de la France libre vis-à-vis des américains ce qui aura pour conséquence la présence de la France lors de la capitulation des armées nazies le 8 mai 1945, les « Alliés » renonçant également à l’administrer durant sa libération. Sans doute encore grâce au général de Gaulle et au CNR, lors de la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la France sera l’une des cinq grandes puissances (1) à occuper un siège permanent au sein du Conseil de sécurité, siège d’ailleurs qu’Emmanuel Macron a envisagé de céder !

En résumé, un contexte historique qui n’a rien de commun avec notre actualité, des hommes et des femmes dont les qualités de courage, de sens du sacrifice et d’abnégation pour la France font largement défaut aujourd’hui notamment à nos politiques, la défense d’une France plus démocratique et sociale, libre et respectée dans le monde.

Il est donc particulièrement paradoxal pour Emmanuel Macron de faire référence à cette période de notre histoire, lui qui parle de souveraineté européenne alignée sur les Etats Unis, qui poursuit l’œuvre de ses prédécesseurs destructrice du service public, supprime les corps préfectoraux et les corps diplomatiques ainsi que l’ENA (2), dont l’objectif initial était de former des hauts fonctionnaires au service de l’Etat (et non de leur intérêt personnel), affirme qu’il faut déconstruire l’histoire de cette France qui n’aurait pas de culture, et peut-être même pas de langue française.

Mais peut-être s’agit-il d’une nouvelle marque de ce fameux « en même temps » présidentiel.

Quoi qu’il en soit ce qui nous paraît beaucoup plus inquiétant dans la création de ce Conseil national de la refondation c’est qu’il porte un coup de plus à nos institutions.

Après le grand débat national, la convention citoyenne sur le climat, le Ségur de la santé, le Beauvau de la sécurité, il est censé rassembler les forces politiques, économiques, sociales, associatives ainsi que des citoyens tirés au sort en vue de lancer les grandes réformes du pays (retraites, écologie, santé pouvoir d’achat)…..mais à quoi sert l’assemblée nationale dont nous devons élire les membres les 12 et 19 juin prochains ? N’est-ce pas aux députés de s’emparer de ces sujets ?  Des citoyens tirés au sort seraient plus compétents et feraient mieux que les députés élus démocratiquement ? Autant dire à tout le monde qu’il ne sert à rien d’élire des députés

On ne peut que s’inquiéter face à une dérive qui tend à enjamber les institutions démocratiques. Sous prétexte de Covid, le parlement a été évincé au profit d’un conseil de défense dans le secret le plus absolu (3), (voir notre article du 20 novembre 2020). Nous avons appris récemment que des cabinets conseils sous contrôle étranger étaient sollicités plus que nécessaire dans la direction des affaires du pays et, maintenant on nous annonce qu’un nouveau « bidule » constitué en dehors de tout contrôle démocratique sera chargé de lancer les grandes réformes du pays.

Certes nos institutions sont perfectibles mais elles ont fait leur preuve depuis des décennies.

Il serait plus judicieux de réfléchir à une dose de proportionnelle pour une meilleure représentation nationale, avec sans doute une révision du découpage des circonscriptions pour un meilleur équilibre démocratique.

Sous le faux prétexte de plus de démocratie, attention à ne pas la voir disparaître ! 

(1) Cinq membres permanents : Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni, et dix membres élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans.

(2) Créée par ordonnance no 45-2283 du 9 octobre 1945

(3) La démocratie bâillonnée – Vox Nostra (vox-nostra.fr)

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