Nous vivons une deuxième vague de pandémie de la Covid-19, avec des effets collatéraux conséquents, potentiels ou déjà avérés, dans les domaines social et économique, qui eux-mêmes peuvent générer par ricochets d’autres problèmes sanitaires potentiels, d’ordre psychologique par exemple.
Les décisions gouvernementales pour gérer cette crise semblent dictées par un principe de précaution absolue dans le domaine sanitaire qui ne repose d’ailleurs que sur un seul paramètre directeur : le nombre potentiel de morts à l’hôpital.
Ces décisions sont d’autre part largement discutables en termes de cohérence, de pertinence et in fine d’acceptation par la population.
Il semble que le «logiciel» de fonctionnement de nos gouvernants et de nos énarques ne soit pas suffisamment adapté à la gestion des risques.
Notre propos dans cet article sera d’étudier comment la discipline de gestion des risques, largement maîtrisée et utilisée dans les mondes militaire et industriel, pourrait apporter une contribution à une gestion de cette pandémie plus efficace, cohérente, pertinente et en conséquence mieux comprise et partagée par la population.
Notre objectif dans cet article n’est pas de faire un cours magistral sur le management des risques.
Notre ambition est plutôt d’explorer quelques notions de base de cette discipline pour mesurer leur potentielle contribution à une gestion de cette crise plus efficiente.
Commençons par la définition d’un risque.
Le risque est le danger que présente une activité ou une situation. Il s’agit d’un aléa, d’un événement probable qui peut entraîner un dommage.
La gestion des risques est alors une démarche qui consiste à identifier, prévenir et résoudre les risques qui peuvent surgir dans le cadre d’activités ou de situations définies.
Avant de gérer des risques, il faut les identifier et les évaluer.
L’évaluation d’un risque comporte 2 facettes:
- L’évaluation des conséquences de l’événement non désiré (Gravité)
- L’évaluation de la fréquence de réalisation de cet événement (Probabilité)
On a l’habitude de représenter qualitativement un risque en le positionnant dans une matrice Gravité x Probabilité du type suivant :
On en déduit 3 types de risques:
- risque inacceptable : zone rouge ;
- risque significatif : zone orange ;
- risque acceptable : zone grise.
N.B. : ceci est un exemple à titre indicatif, il est à adapter au cas par cas.
Une gestion et prévention des risques efficace cherchera, au travers d’un plan d’actions spécifiques, à faire évoluer les risques de la zone rouge vers la zone orange et si possible la zone grise.
En fait, il s’agira d’agir sur le niveau de gravité du risque et/ou sur sa probabilité d’occurrence.
Appliqué au contexte de cette pandémie, le risque principal serait bien sûr le décès et les premières mesures qui peuvent venir à l’esprit seraient :
Réduction de la probabilité d’occurrence du risque (évolution du risque sur un axe descendant vertical) :
- respect des gestes barrières (port du masque, distanciation sociale…) ;
- ventilation des lieux confinés ;
- tests efficaces et suffisamment rapides pour isoler les contaminés de manière réactive ;
- vaccination de la population (sous réserve d’un vaccin sûr et efficace).
Réduction du niveau de gravité du risque (évolution sur un axe horizontal de droite à gauche) :
- traitement médical adéquat (sûr et prescrit de manière suffisamment précoce) ;
- capacités hospitalières suffisamment dimensionnées et compétentes notamment en matière de réanimation.
Cette approche, pour être efficace, nécessiterait de disposer de suffisamment de données en quantité (nombre d’infections avec ou sans symptômes, de malades hospitalisés avec ou sans réanimation, de décès avec incidence des différents cas de comorbidité ) et en qualité (proportions d’infections selon les différents contextes de la vie courante : lieux confinés ou non, restaurants, bars, lieux de culte, extérieur…).
Elle permettrait à chacun, d’un point de vue individuel, d’évaluer son propre risque à mener telle ou telle activité et à adapter son comportement en conséquence et au gouvernement, d’un point de vue collectif, de mettre en œuvre plus de discernement et de cohérence dans la définition et la mise en œuvre de ces décisions.
Malheureusement, nous ne disposons pas en France à l’heure actuelle de ce type de données épidémiologiques adaptées à notre contexte (ou bien elles existent mais ne sont pas divulguées).
Le gouvernement, par ignorance ou par absence de données épidémiologiques suffisantes, est alors amené à prendre des décisions très sévères et discriminatoires dans une logique de tout ou rien (fermetures des commerces, confinement de la population, interdiction d’activités physiques et sportives en lieu fermé, limitations sévères d’activités cultuelles et culturelles…) qui portent atteinte à nos libertés fondamentales.
Elles sont bien évidemment prises avec le souci de protéger la population mais sans le niveau de discernement suffisant pour faciliter la compréhension et donc l’acceptation par la population.
La seule étude épidémiologique d’envergure concerne l’étude américaine par la revue scientifique Nature qui recense les lieux potentiels contaminants en les classant par niveau de risque.
Il en ressort que 10% des lieux fréquentés par les habitants représentent 85% des infections et que les restaurants, bars, cafés, hôtels, centres de sport figurent en tête de liste.
Mais ces résultats ont été obtenus entre mars et mai. Ils ne peuvent être donc totalement transposés aux établissements français.
Aux États-Unis, à cette période de l’année, on peut difficilement avancer que les protocoles sanitaires étaient des plus stricts. Le masque n’était d’ailleurs pas recommandé. Contrairement en France où les professionnels du secteur ont pour la plupart d’entre eux respecté les mesures sanitaires imposées (port du masque, distanciation sociale, mise à disposition de gel hydroalcoolique).
Il y est aussi indiqué qu’ouvrir les restaurants et bars à seulement 20% de leur capacité entraînerait seulement 6% d’infections supplémentaires.
Une autre étude américaine a par ailleurs montré qu’un système de ventilation efficace permettait également de réduire les risques de contamination.
Ces 2 exemples possibles de mesures illustrent parfaitement les actions envisageables de réduction de la probabilité d’occurrence du risque pour accompagner la réouverture des bars, restaurants, hôtels, lieux de culte, centres de sport… sous réserve de disposer des données statistiques suffisantes et pertinentes pour bien dimensionner les actions associées.
Dans le domaine de la réduction du niveau de gravité du risque, nous avons déjà cité 2 actions possibles, parmi d’autres, sur lesquelles des actions efficaces pourraient être menées :
Le traitement :
Aujourd’hui, aucun traitement ne semble s’imposer de manière irréfutable dans la communauté scientifique pour lutter contre cette maladie.
Cependant, l’hydroxychloroquine, au travers du protocole préconisé par le Pr Raoult, semble présenter un rapport bénéfice/risques qui devrait l’accréditer dans l’attente d’un éventuel traitement plus efficace.
Il ne nous semble pas raisonnable de rester en l’état avec un seul traitement à base de paracétamol pour faire face à la maladie.
Le nombre de lits en réanimation :
Là aussi, la situation nous semble perfectible et légitimement améliorable dans la mesure où le goulot d’étranglement potentiellement constaté en service de réanimation peut conduire à des choix en termes d’acceptation de patients atteints par d’autres pathologies, avec des conséquences considérables en termes de décès.
Nous comprenons que la contrainte principale concerne le personnel hospitalier compétent.
Ne serait-il pas possible de réquisitionner tout ou partie du personnel en dernière année de formation et d’accélérer leur affectation pour gonfler rapidement en nombre ce personnel compétent en tension ?
En conclusion :
Il nous semble qu’une approche basée sur la gestion des risques, discipline largement utilisée dans les milieux militaire et industriel, serait profitable dans ce contexte de crise sanitaire, en veillant à une communication adéquate afin de favoriser son acceptation par la population, sous réserve cependant de disposer de statistiques épidémiologiques pertinentes et suffisantes et de maîtriser les concepts de cette discipline.
Nul doute que le gouvernement pourrait se faire utilement assister en ce sens et dans cette période.
dans le même état d’esprit théorique, pour réduire tous ces désaccords médicaux et sociétaux, il faudrait faire appel aux analyses de la cindynique (science du risque et de la prévention) pour gérer la grande diversité dans les modes d’appréhension du danger, avec une approche multidisciplinaire qui combine les apports de sources très diverses : la cindynique propose un modèle d’analyse sur cinq dimensions qui structurent la description de la situation de danger avec les perceptions et estimations sur les données, sur les modèles, sur les objectifs, sur les normes, sur les valeurs : https://www.officiel-prevention.com/dossier/formation/formation-continue-a-la-securite/la-cindynique-science-du-danger-du-risque-et-de-la-prevention
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