La France subit, comme nombre de pays européens, une deuxième vague de la pandémie de COVID 19 avec une incidence inquiétante.
Nous avons décrit dans le document « Rebond Pandémie et interrogations » nos inquiétudes de revivre le premier épisode de cette pandémie qui s’était traduit par un confinement général de la population.
Malheureusement, même s’il est allégé par rapport au premier épisode, nous subissons un deuxième confinement qui est la traduction de la faillite de ce gouvernement à anticiper et gérer cette crise.
Notre propos dans ce document n’est pas de nous appesantir sur les défaillances gouvernementales mais de nous interroger sur notre rapport à la vie à la lumière des mesures prises par ce gouvernement.
Notre questionnement ne concerne pas la nécessité de confiner la population, que nous estimons légitime à ce stade compte tenu de l’urgence de la situation sanitaire, mais plutôt le fond et la forme de ce confinement qui nous interpelle dans le contexte de notre rapport topologique à la vie.
La question du bien-fondé de ce confinement est posée avec en filigrane un autre rapport à la vie.
Un confinement a été décidé et nous devons en accepter ses principes dans un souci de contribuer personnellement à un enjeu sanitaire national. Cependant, cela ne doit pas nous empêcher d’exercer notre esprit critique par rapport aux contraintes que nous subissons.
Notre Président vient de décider d’un nouveau confinement, sur la foi, semble-t-il, d’une modélisation faisant état d’un risque de 400000 morts dans notre pays si nous ne faisions rien.
Cet argument est imparable d’un premier abord, mais d’où vient ce chiffre ?
Très certainement de modélisations issues de l’Inserm ou de l’Institut Pasteur qui n’ont pas vocation à être partagées, ce que l’on peut comprendre, mais qui de ce fait nuisent à l’adhésion du plus grand nombre car incomprises, sauf à l’accepter au principe d’une certaine foi inconditionnelle.
On retrouve là une des caractéristiques de la stratégie gouvernementale, déjà largement engagée, qui est construite sur la peur de la population. Ce climat de peur qu’ils entretiennent, joint à l’infantilisation des rapports humains qu’ils promeuvent, pourrait nuire à la santé morale de la nation.
Le tweet de Monsieur le ministre de la Santé va dans le même sens :
« Oui, le confinement est une épreuve pour tous les Français. Mais je rappelle que le #covid19, c’est:
1 malade toutes les 2 sec.
1 hospitalisation toutes les 30 sec.
1 mort toutes les 4 minutes. »
Dans une approche alternative plus positive, il aurait pu mettre en avant, par exemple que (données issues de Santé Publique France):
- – plus de 99,5 % des personnes qui contractent cette maladie en réchappent (taux de létalité de 0,5%) ;
- – 2% des patients décédés sont âgés de moins de 60 ans et sans comorbidité connue ;
- – la moyenne d’âge des patients décédés de la Covid-19 est de 81 ans en France. Cette moyenne d’âge correspond à celle de l’espérance de vie qui est très peu impactée par le virus (-0,2 an en comparant 2020 à 2019 selon l’Insee) ;
- – pour les 90 ans et plus, 80% des sujets contaminés sont guéris.
Cette stratégie s’accompagne d’autre part par une attitude moralisatrice et très brutale de leur part. Ainsi, quand l’opposition politique « challenge » les mesures proposées, le gouvernement répond « Vous voulez des morts ? Vous voulez cela ? ». Il en est également ainsi quand monsieur Olivier Veran, s’adressant à ses opposants à l’Assemblée Nationale ayant voté la fin de l’urgence sanitaire, déclare « c’est cela la réalité de nos hôpitaux ; si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ».
Il est clair que monsieur Macron et son gouvernement n’ont pas voulu se retrouver confrontés à des images de malades attendant sur des brancards à l’extérieur des hôpitaux congestionnés faute de places disponibles à l’intérieur et notamment en réanimation.
Ces images, qui auraient été relayées en boucle sur les chaînes d’info en continu, auraient un impact désastreux sur la population française et à l’extérieur du pays et nous partageons la nécessité d’action.
Adoptant une attitude quasi martiale sur le sujet sanitaire (alors qu’il en est incapable ou qu’il n’en a pas la volonté dans le domaine sécuritaire) avec la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 16 février, le gouvernement a donc décidé un nouveau confinement, certes allégé par rapport au précédent, mais faisant cependant toujours peser de lourdes contraintes sur nos libertés et habitudes de vie.
Mal comprises, elles ne sont pas toutes partagées et donc acceptées par la population.
L’Homme est un animal social et l’ensemble de ces restrictions qui pèsent sur son mode de vie, et qui sont décidées sur un horizon mal défini et mal maîtrisé, peuvent porter atteinte à son équilibre.
Comme l’indique le philosophe Robert Redeker dans un article paru dans le Figaro, «Pour préserver la vie des plus âgés, voilà que l’on décide d’arrêter la vie… non la vie biologique bien sûr, mais la vraie vie, la vie humaine… On se réclame de la vie, celle des plus âgés, pour empêcher la vie, celle des plus jeunes, de l’économie, de la culture, de la société… Nous vivons un renversement anthropologique sans précédent.»
On parle alors d’activités dites « non essentielles » qui ne sont plus autorisées et sont de fait sacrifiées sur l’autel de cette politique hygiéniste « unijambiste » .
Déjà un premier commentaire qui décrit bien l’état d’esprit de nos décideurs : le terme « activités non essentielles » est très choquant. Si elles existent, c’est bien parce qu’elles ont un intérêt que chacun d’entre nous perçoit et met en œuvre dans le cadre de la vie de tous les jours. Si elles étaient effectivement non essentielles, elles n’existeraient plus.
On parle par exemple :
. des restaurants et bars ;
. des petits commerces hors alimentaires ;
. des activités culturelles (cinéma, théâtre…) ;
. des activités sportives (clubs de sports) ;
. ou encore des célébrations de rites religieux en assemblée, comme les messes par exemple.
La suppression de ces activités peut profondément altérer le tissu social qui nous lie et pourrait avoir des répercussions psychologiques conséquentes sur la population si elles devaient perdurer dans le temps.
Nous sommes dans ce contexte en permanence confrontés à la perspective de mourir alors que ce n’est pas la peur ou l’évitement du danger qui fédère les énergies mais la recherche du vrai, du beau et du bien dans une démarche collective.
Ce contexte psychologique est aussi accentué par une cohérence incertaine des mesures : comment concevoir qu’on se contamine plus facilement dans un petit commerce ou un restaurant que dans une grande surface ou dans les transports en commun?
On ne peut éviter à ce stade de se poser une question délicate d’ordre philosophique :
Pour éviter une mort à l’hôpital, combien de morts allons-nous générer à l’extérieur de l’hôpital en conséquence des problèmes économiques ou psychologiques intrinsèquement en lien avec la gestion de cette crise à date ?
A cela s’ajoutent enfin les effets encore inconnus de la politique économique engagée du « quoi qu’il en coûte » et qui fait exploser nos déficits sociaux. Qui paiera et dans quelles conditions?
Nous invitons le gouvernement à reprendre vigoureusement les principes et méthodes de sa stratégie sanitaire en attendant l’arrivée d’un vaccin sûr et efficace.
Nous proposons les mesures suivantes :
- Renforcer les capacités hospitalières et de réanimation en mobilisant les étudiants réanimateurs en dernière année d’études et le personnel aidant nécessaire ;
- Reprendre les principes du triptyque Tester/Tracer/Isoler en
- Identifiant les clusters ou familles de clusters principaux et en mobilisant les moyens humains nécessaires ;
- Testant massivement toute la population concernée par ces clusters (tests antigéniques) ;
- Testant de manière préventive la population selon une stratégie à définir (ville ?, quartier ?..) ;
- Isolant les personnes positives dans des établissements spécifiquement prévus à cet effet (hôtels réquisitionnés par exemple) ;
- Isolant préventivement toute la population à risque (modalités à définir dans le cadre d’une réflexion démocratique).
- Autoriser l’ensemble des activités dites « non essentielles » sous couvert de protocoles sanitaires très stricts
- Mobiliser des effectifs de police conséquents pour vérifier l’application stricte de ces protocoles ;
- Sanctionner tout écart constaté (sanction financière éventuellement complétée par sanction administrative et/ou judiciaire) :
- Communiquer régulièrement et positivement sur les indicateurs sanitaires et économiques avec des indicateurs compris et partagés.
L’ensemble de ces mesures devra faire l’objet d’une discussion démocratique en s’appuyant sur l’Assemblée Nationale et le Sénat.